Ce soir on va faire la fiesta

Désolé de ne pas avoir donné de nouvelles depuis bientôt deux semaines mais nous attendions d’avoir un moment de répits pour vous conter nos multiples péripéties.

Concernant notre travail, nous faisons toujours preuve d’autant d’imagination pour nos prises en charge. On commence à mieux cerner les enfants et leurs problématiques et on commence à voir l’établissement et le respect d’un cadre thérapeutique (ils sortent plus de la salle, ils respectent le temps de la séance en nous signalant même l’heure de fin). Les enfants commencent à mieux jouer ensemble et à créer un espace de jeu collectif. On fait aussi preuve d’adaptation face aux absentéismes, aux changements de salle etc…Hélas, c’est quand nous commençons à voir des progrès et à prendre nos marques que nous devons partir. Nous entamons notre dernière semaine ici et nous allons devoir mettre fin à notre travail vendredi. Le départ s’annonce difficile et l’arrêt des séances de psychomot’ aussi. Les enfants ne semblent pas prêts à nous laisser partir et on peut avouer que nous non plus, nous ne sommes pas vraiment prêtes à les laisser. On signerait bien pour 6 mois supplémentaires.

Afin de ne pas partir comme des voleuses, on a souhaité informer les professeurs de notre travail avec leurs élèves. On a donc organisé une petite formation de psychomotricité pour leur expliquer quelques connaissances de base et leur donner des idées de travail. Grand challenge : créer un cours oral et écrit en portugais, et sans faute bien sûr ! On s’est vite rendu compte qu’il n’était pas évident d’endosser le rôle de professeur face à des élèves plutôt dissipés. Accrocher leur attention et se faire comprendre n’est pas chose facile. On a donc choisit de leur présenter le travail effectué par les enfants en séance (notamment les peintures et les dessins de bonhomme). On leur a aussi fait tester un jeu des émotions que nous pratiquons pendant nos séances. Le meilleur moment a sans doute été la découverte de la salle de psychomot’. Au milieu des matelas, des fibres optiques, de la tortue musicale et des balles à pico, les profs sont subitement retombés en enfance.

Du côté de la brincadeira, la semaine a été plutôt tranquille car pluvieuse. Et ici, quand il pleut, les enfants se mettent vers les tables pour dessiner. On a ainsi pu se perfectionner en dessin. Ce fut aussi l’occasion d’avancer dans la réalisation des livres pour les enfants de France. L’intégralité des dessins a été réalisée, il manque juste quelques histoires pour finaliser la conception des livres. Les enfants prennent beaucoup de soins à faire ces livres car ils ont à cœur de remercier l’investissement des enfants français pour les jeux qu’ils ont construit. Ils aiment beaucoup le twister (ou tornado), les mémos et les tangrams sans parler du tapis de voiture en feutrine.

Après la brincadeira , on a raccompagné les enfants dans leur quartier, bravant ainsi la pluie et le vent. Ce moment est très important pour nous car c’est un moment de partage avec les enfants et les mamans. On peut parler de tout et de rien, on a l’impression de faire partie du quotidien de ces familles et de mieux s’intégrer à leur réalité. Toutefois, ici les rires peuvent vite laisser place aux cris. Un simple jeu de coude peut vite dégénérer en bagarre d’une extrême violence entre deux enfants de 8ans. On a pu en faire les frais cette semaine. C’est assez impressionnant de voir comment la violence peut déformer les visages de si jeunes enfants. On a donc dû jouer les arbitres et se jeter dans la fosse pour séparer les enfants déjà armés de pierre pour éviter qu’une simple querelle se transforme en pugilat.

Bon on vous rassure, on ne passe pas tout nos après-midi à jouer les wonderwomans. On assiste aussi à des cours de langue des signes portugaise avec les enfants. La dernière fois, on a même fait un petit battle avec les signes des animaux : équipe de Gaelli vs équipe de Déborah. Le combat fut sanglant…mais déloyale (enfin selon Gaëlle). Résultat final 13 à 10 pour l’équipe de Déborah !

On a aussi pu assister à différents jeux en l’honneur de la fête des enfants (officiellement le 12 octobre). Et oui, au Brésil, ils ne fêtent pas les mères ou les pères, ils fêtent les enfants ! Plutôt une bonne idée non ?! Toute la semaine, il y a eu distribution de bonbons, hot dog et jeux à gogo (course en sac, discothèque etc…). Dimanche dernier nous avons d’ailleurs personnellement participé à une fête pour l’occasion. Des jeunes femmes, plutôt aisées, on souhaité organiser une distribution de jouets pour les jeunes du quartier de Santa Terezinha. On a été personnellement sollicité pour organiser des jeux et animer la fête. Forte de notre expérience dans l’animation (enfin surtout boubou), on a commencé par le jeu des chaises musicales et une tomate. L’animation à vite tourner court car la responsable de la fête voulait passer à la distribution des jeux. Il n’y avait pas moins de 6 énormes sacs de jeux pour à peine une vingtaine de gosses. Les supposées organisatrices n’étant toujours par arrivé (et oui le temps ici passe différemment qu’en France), on a dû se coller à la distribution des jouets. Et là, sans mauvais jeu de mots, ce fut le drame où se mêlèrent cris et coups …ce fut l’hystérie collective. Imaginez notre Johnny national qui jette son tee-shirt plein de sueurs dans une foule de fans…ça y est vous visualisez le truc ?! Ben nous on est à la place de Johnny et les gosses c’est les fans…On a vraiment eu l’impression que les enfants étaient plus attirés par la quantité que par la qualité comme poussé par un besoin boulimique de posséder plus de jeux que le voisin, sans même être certains qu’ils y joueraient un jour. Cette matinée c’est tout de même terminée sur une note positive. Les organisatrices sont arrivés après la distribution des jeux et ont offerts à tous une petite pause gourmande : au menu cachorro quente (hot dog), pop corn, bonbons et boissons à volonté. Enfin un temps de repos après ce moment d’agitation. Cette fête fut organisée une semaine avant la date. En effet, le 12 octobre c’est férié. Pour preuve, il n’y a même pas eu brincadeira car tout le quartier s’anime en l’honneur de cet évènement.

Notre visage c’est également animé lorsque le frère Christophe nous a proposé d’aller à un cours d’anglais en ville et de profiter ensuite d’une petite virée nocturne. En effet, tout les mardis et jeudis, celui-ci est en charge d’un cours d’anglais pour une classe de 5 à 25 adultes. Et oui, le manque d’assiduité scolaire n’est pas qu’une affaire d’enfant ici. En tout cas, on a passé un super moment. On a dû quand même se présenter et présenter la France ainsi que nos villes respectives devant toute la classe. On devait faire ce travail en anglais au début mais cela c’est vite fini en portugais. Bon on sait qu’on est plutôt balaise en langue mais là quand même, faut pas abuser ! Dans la continuité d’un échange intéressant sur la différence entre la culture française et brésilienne, on a eu une petite démonstration de chant. Un des élèves avait apporté sa guitare et nous a poussé la chansonnette avec sa voix suave et envoûtante…on a été conquise. Camille a osée relevée le défi en interprétant la chanson « j’envoi valsé de Zazi ». Notre boubou nationale, avec sa voix de soprano à séduit l’assemblée. Après ces larges efforts pour parler anglais (enfin plutôt portugais), nous avons bien besoin de nous restaurer. Le frère Christophe nous a amené dans un charmant petit restaurant portugais dans lequel on a pu déguster d’énormes crêpes garnies à souhait. On s’est même payé le luxe de manger une crêpe à la glace avec de la chantilly et de la canelle, rien que ça…Après une semaine de riz et de poulet, on a fait le plein de saveurs, de quoi réveiller nos papilles engourdies. On a quand même eu du mal à se lever de la chaise après.

Mais bon ne vous inquiétez pas, on ne fait pas que de bouffer ici, on fait aussi du sport. En effet, sans compter nos prises en charge déjà bien sportives, on est même allé jusqu’à participer au sport national: le foot. Rendez vous à 8h30 du matin au stade du quartier « le chien maigre » pour un match de foot exclusivement féminin. On a sué sang et eau sous un soleil de plomb pour arriver au final à toucher deux fois la balle. Comptez pas sur nous pour relever le niveau footballistique français.

On s’est aussi beaucoup dépensé mais dans un autre sport national : la fête. En effet, hier nous étions conviées chez Christina pour l’anniversaire de son mari et de sa fille. Début de la fête 11h 30, heure de fin 19h30. Autant dire que nous avons enflammé le dance floor pendant 8h. On a été initié aux danses brésiliennes comme le pagode, le forro, la lambada et l’arrocha (que nous vous laissons découvrir avec le lien). Une chose est sûr, les danses brésiliennes sont empruntes d’une EXTREME sensualité…on vous laisse imaginez. Mais ne vous inquiétez pas, avec notre superbe déhanché, on a fait une forte impression en cassant tous les stéréotypes de l’européen de base qui danse exclusivement que sur de la musique électronique sans vraiment savoir bouger. Ce fut un immense plaisir de sortir enfin de notre retraite spirituelle, de laisser nos habitudes de vieilles filles (un film et au lit) et de se sentir vraiment intégrer dans la culture et la vie quotidienne du quartier. Il n’y a pas meilleur sensation que de danser, sous un ciel étoilé, un bon forro en bonne compagnie.

A notre retour à Taizé ce fut un changement d’ambiance total. Initialement, nous étions conviées à une simple représentation de danse orchestrée par le groupe de jeunes catholiques. Au final, nous nous sommes retrouvées à la fête pour la commémoration de la sainte patronne du Brésil. Et oui, le 12 octobre c’est la fête des enfants mais aussi celle de la patronne brésilienne. Nous étions trois pauvres françaises sentant fortement la sueur mêlée à des relans de caichaça, perdues au milieu d’une assemblée de catholiques. On vous laisse imaginer la scène. Heureusement que nos nouveaux amis brésiliens, fraîchement débarqué de rio grande do sul pour la semaine de « la justice et de la paix », nous ont expliqué le déroulement de la cérémonie. Ils devraient d’ailleurs nous tenir compagnie jusqu’à notre départ.

Ha oui, on allait oublier de vous dire, cette semaine il a plut…beaucoup plut même. La pluie a non seulement empêché nos fringues de sécher mais elle s’est aussi invitée dans notre chambre. S’infiltrant par le plafond, elle a dégouliné sur nos affaires (enfin surtout sur celle de Gaelle) nous obligeant à changer de chambre. Avoir de l’humidité dans sa chambre c’est acceptable, mais quand celle-ci se transforme en piscine géante ça l’est plus.

Pour finir, notre dernière semaine ici s’annonce chargée (entre fête de départ, lasagne partie, formations pour les profs et derniers prises en charge et départ pour rio de janeiro). Nous ne manquerons pas de vous raconter nos derniers jours ici et notre arrivée dans la cité merveilleuse au prochain épisode.