Le début des psychotrots psychomot

Boa Noite !

Nouvelle semaine, nouvel article, rien de plus normal. Déjà 12 jours que nous sommes à Alagoinhas. Le temps passe différemment ici. Nous avons l’impression d’avoir posé nos valises hier, et en même temps d’être là depuis une éternité (nous pensons sérieusement que le plat unique riz-poulet-haricot y est pour quelque chose au niveau du versant « éternité »). Ce qui est certain c’est que nous avons pris possession des lieux et que nous nous sentons un petit peu comme chez nous. Dimanche c’était d’ailleurs grand ménage de la chambre !

Nous confirmons encore une fois que les gens qui nous accueillent sont adorables avec nous. Ils veulent tous nous faire découvrir les petits « trucs » d’ici, les ptits trucs de chez eux. Vendredi dernier, Geliane nous a amené en ville en bus. Nous avons pris un café et mangé un casse-croute de dix heure. Gaëlle a testé un gâteau au manioc et Débo des petits beignets au poulet. En plus de ça, Débo a bu un Suco (=jus) d’Acerola qui s’est avéré muito bom. Geliane nous a ensuite accompagnées faire nos achats et nous a montré quelques boutiques vestimentaires. Ici on s’habille moulant, court, coloré et fleuri… Bref pas la même mode qu’en France. Le petit basique ça n’existe pas à Bahia !

Le frère Christophe, pour sa part, nous a montré que dans les favelas d’Alagoinhas, il y avait aussi un atelier de lutherie, un studio d’enregistrement, des installations pour des cours d’électricité et un studio photo/vidéo. Tout cela a été financé par une entreprise brésilienne (Estra quelque chose… nous n’avons pas retenu). Comme quoi les apparences peuvent être trompeuses. Derrière une façade sans cachet et un peu tristoune peuvent se trouver des trésors High-tech ! Le frère Christophe donne des cours de photos et propose à des enfants de réaliser des petits films. Il est même en train de réaliser un clip avec le groupe de hip hop « Sangue Real » (qu’on peut traduire apparemment comme « Sang Royal »). Vous auriez vu le clip, vous auriez certainement tous pensé comme nous : 1) Ce frère est sacrément ouvert d’esprit, 2) c’est tellement original de voir un Frère réalisateur de clip hip hop.

Bon, niveau boulot, parce qu’il faut quand même aussi en parler tout de même. Nous sommes encore en phase d’observations de certaines classes et enfants mais les choses se profilent un peu plus. Le planning se remplit petit à petit. Nous verrons les enfants soit en individuels soit en groupe. Ici on reste muito tranquilo, mais hélas, nous, nous ne restons pas toute la vie alors on essaye de mettre la vitesse supérieure. Mais nous avons quand même fait nos premiers pas en tant que psychomot’ au Brésil. Ce matin nous avons proposé un groupe expression aux enfants de la classe Emaüs. Nous avons divisé la classe en 2 groupes de quatre enfants. Ce fut… sportif nous dirons ! Il va falloir qu’on tienne le cadre et qu’on soit soudée parce que ils remuent, se remuent et nous remuent. Qu’on vous explique un peu. Quand ils arrivent dans la salle de psicomotricidade, nous accrochons tous nos noms avec une pince à linge sur un fil. Ce fil représente le groupe que nous formons. Par la suite, ils se mettent tous à la table et dessine leur émotion du moment. Nous nous mettons ensuite en ronde et nous nous disons bonjour en chantant la chanson mimée « hippo hy tatatyé ». Nous proposons ensuite des jeux d’expressions ( mimes, petites scénettes à jouer devant les autres : cette partie est pour le moment compliqué surtout avec un des groupe). Dans la salle, il y a aussi le banc pour penser quand on fait des bêtises ( idées reprises de la brincadeira) et quand on ne respecte pas les règles. Nous pensons déjà revoir certaines choses du groupe. Aujourd’hui c’était un test de nos idées et nous nous sommes rendues compte que tout n’était pas parfait. Normal vous nous direz ! On est novice et nous sommes en pleine création d’un groupe, c'est donc s’il n’y avait eu aucun remou que cela aurait été bizarre.

Toutefois, même si ce fut très compliqué, il ne faut pas qu’on perde de vue que c’était notre premier atelier ! Et Rome ne s’est pas construit en un jour comme on dit. Ce qu’on peut quand même dire, c’est qu’ ils ont eu l’air d’apprécier car déjà cet après-midi, ils en redemandaient. Francuel veut retourner jouer. De plus, la chanson d’ «hippo hi tatayé » est déjà un tube dans la classe ! On avance, petits pas de formiga par petit pas de formiga. Donc on se remet au boulot !

Ce que nous remarquons c’est qu’ils nous testent, nous et nos limites. Et puis nous prenons aussi en compte leurs histoires respectives ( quand nous les connaissons). W., par exemple. Ce petit garçon a une histoire familiale très compliquée et, nous pouvons le dire, tordue... Pour vous la faire en plus simple : C’est l’histoire d’un homme et d’une femme ayant déjà respectivement des enfants ( 2 filles pour la mère et 2 fils pour le père) qui se rencontrent et tombent amoureux. Jusque là tout va bien. Ensemble ils ont une fille, qui s’appelle Daiane (adorable, qui prend bien soin de nous ici. Elle est âgées de 18 ans aujourd’hui et vit à l’heure actuelle chez sa marraine). Mais quelques temps plus tard, le père de famille décida de partir vers d’autre monts et merveilles. Mais pas trop loin quand même. Il part juste à côté même... La mère lui semblait trop vieille ? Il préféra s'amouracher d'une des filles issues du premier mariage de sa femme, qui tomba enceinte... de W. Quand W. était petit il était perdu. Il ne savait même pas comment il s’appelait. Lorsqu’il venait à la Brincadeira, il disait un prénom différent à chaque personne qu’il croisait et qui lui demandait. Aujourd’hui ce petit garçon a de gros problèmes de comportements et d’attention. Mais il va à l’école et sait lire. C’est déjà une belle victoire. Quand à sa grande soeur, tante on ne sait plus trop, D., elle est apparemment excellente à l’école, et aide beaucoup à la Brincadeira.

Hélas la plupart des enfants qui viennent à la Brincadeira ont des histoires qui font parfois froid dans le dos. Leur comportement est souvent en adéquation avec leurs contextes familiaux extrêmement complexes. Leur violence verbale, leur regard parfois perçant et déroutant, leur envie de nous tester voire de dépasser les limites... Tout ça nous le voyons de plus en plus chez certains. La difficulté de communication n’aide pas dans ces moments là. Heureusement que Ricardo est là pour nous écouter, prendre en considération nos remarques et faire en sorte que nous soyons respecter un minimum. Alors quand C. demande à Gaelle de ramasser ses oranges de manière peu adaptée sur le chemin pour rentrer chez lui, et qu’il nous traite par la suite de noms d’oiseaux peu catholiques, il est invité le lendemain à réfléchir à son comportement de la veille sur le banc des pensées. Il s’excuse rapidement sous l’oeil avisé de Ricardo, mais il recommencera certainement. Parce qu’ici c’est la loi du plus fort qui prime sur le respect des autres.

Mais bon, nous passons aussi de tous beaux moments bisounours, bien agréables avec les enfants ! Ne vous inquiétez pas ! Samedi c’était atelier maquillage ! Mama a maquillé les filles, Boubou les garçons et Débo était le reporter. Un super moment. Nous avons eu une multitudes de petites fleurs, de chauve-souris, de princesses, de pirates, de Hello Kitty et de Vampires ! Les petits ont adoré et même les mamans se sont pris au jeu ! Nous avons d’ailleurs l’agréable sensation qu’elles commencent à nous accepter de plus en plus. Nous avons aperçu des sourires révélateurs. Et puis il y a Igo, Wesly, Vonderson, Deivid, Priscilla, Klysla, Gerciliano, Edinalva pour nous faire rire. Ensemble nous jouons au mikado, au mémory, au tornado ! Pour dire franchement on se paye aussi de bonnes parties de rigolades ! Et lorsqu’ Angela, Christina, Daiane et Sonia s’y mettent ( toutes ses dames et jeunes fille citées sont des personnes qui participent à la vie et aux activités de la Brincadeira) alors là on rit encore plus ! Et sans oublier le samedi à la Brincadeira où on chante, on danse et on travaille un peu!

Sachez qu’ici quoiqu’il arrive, les moments, qu’ils soient bons ou moins bons, sont très forts et intenses (même quand on débouche les toilettes c'est nasalement intense, on vous promet !!) . Et c’est ça qui rend l’expérience si intéressante et surtout enrichissante !

Je suis en train de réaliser ma plus grosse tuerie de moustiques depuis mon arrivée, il est donc grand temps que je vous laisse !

A plus !!

Ps : Nous souhaitons un super méga bon anniversaire à Yann ! Les psychotrots te saluent du bout du monde !